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LE SIGNE ET L'APPEL (2008-2007)

une rencontre entre deux pratiques .


SIGNES

Le Brussels Tuning Band, un groupe de danseurs improvisateurs résident à Bruxelles, explore le Tuning score de Lisa Nelson, une partition recourant à une série d’appels vocaux pour permettre aux danseurs de communiquer sur la danse en train de se faire au moment même où elle se fait.

L'Orchestre de La Pieuvre, un groupe de musiciens improvisateurs basés à Lille explore quant à lui le principe de conduction par signes gestuels qui permet de composer sur le champ le matériel sonore émergeant.

La pratique de l'Orchestre de La Pieuvre comme celle du Tuning score s'organise autour de la question de la composition instantanée. La Pieuvre a recours à la conduction et le signe comme moyen de composition, tandis que le Tuning score utilise la partition et l’appel.

Un dispositif particulier de communication émerge de la rencontre de ces deux pratiques. Il mêle les appels vocaux du Tuning Score et les signes visuels de la conduction de La Pieuvre. Musiciens et danseurs s'empruntent les uns les autres les différents outils de composition.

Ainsi, la partition originelle du Tuning Score et le principe de conduction de l’Orchestre de la Pieuvre sont conservés mais quelques éléments diffèrent.

En effet contrairement au dispositif de La Pieuvre où il n’y a qu’un seul conducteur (le chef d'orchestre), ici tout intervenant dispose à tout instant par son action physique, musicale ou encore par l’appel ou le signe, de la possibilité d’être le chef d’orchestre et d'être suivi ou pas dans sa proposition.

Aussi, dans la partition du Tuning Score, les appels vocaux dirigent aussi bien le visuel et le son. Alors qu’ici le mouvement répond uniquement à l’appel et le son lui n’est conduit que par le signe. Ces modifications permettent principalement d’établir un double discours scénique dans lequel danse et musique sont soit indépendants l’un de l’autre soit en résonance l’un avec l’autre.

De plus, le mouvement produit par le musicien peut être « appelé » par un danseur et inversement le son produit par un danseur peut être conduit par un musicien.  Chacun des performers est ainsi amené a élargir son champ d’action, porté par deux niveaux de conscience et de composition qui collaborent et se complètent à chaque instant : la présence physique du musicien fusionne avec celle du danseur, tout comme le corps sonore du danseur s’accorde à celui du musicien.

Il est important de préciser que musiciens et danseurs ont le choix d’être acteurs ou observateurs de ce qui se passe. Ces deux rôles propres au Tuning score de Lisa Nelson (player / watcher) témoignent des points de vue internes et externes que l’on a sur ce qui est en train de se passer. Cette dynamique crée donc un flux d’entrée et de sortie. Les appels et les signes peuvent aussi bien provenir de l’intérieur que de l’extérieur de la surface considérée comme aire de jeu. Le propos de la composition se concentre alors sur comment les protagonistes communiquent, en étant attentifs à la musicalité de la communication.

SYNTAXES DE COMMUNICATION

Les signes gestuels ou les appels vocaux ont mis en évidence l’utilisation de syntaxes de communication entre danseurs et musiciens incluant également l’observateur, l’auditeur : chacun est amené́ à décoder tant le contenu que les procédés de communication. La danse, la musique, n’ont- elles pas comme fonction première de communiquer ?

Ainsi, nous considérons tout mouvement dansé ou son musical comme « une proposition de communication ». Si le signe ou l’appel constitue une syntaxe prédéterminée, c’est-à-dire que nous nous accordons relativement sur leur sens, le mouvement dansé ou le son musical sont quant à eux souvent équivoques. Comment donc penser la relation entre signe/appel et mouvement/son ? Comment passe t-on de l’un à l’autre ? Par exemple : vider un signe ou un appel de sa dimension référentielle pour qu’il se démarque uniquement par ses caractères physiques et devienne pur son ou mouvement. Et inversement. Comment synchroniser le signe ou l’appel à l’activité du danseur ou du musicien ?

A ce stade, nous avons constaté que le signe ou appel peuvent être utilisés soit par intégration soit par distanciation.

L’intégration suggère que le signe gestuel, émis par exemple par un danseur pour communiquer avec un musicien, fasse partie de la globalité de sa proposition de mouvement. La distanciation suggère que le danseur isole le signe gestuel de sa proposition de mouvement.

En résumé, soit la syntaxe s’intègre directement au medium du corps ou de la musique, soit elle s’en détache en marquant l’autonomie de son champ (mouvement-musique-syntaxe), ce qui nous offre un panel intéressant de possibilités et de choix.

Nos recherches portent donc sur la nature du mouvement et du son, en considérant les différents médiums sous leur aspect fonctionnel dans le jeu de la communication et de la composition.

Brussels Tuning Band  / Baptiste Andrien, Franck Beaubois, Pascale Gille

L'Orchestre de La Pieuvre / Olivier Benoit (guitare), Christian Pruvost (trompette) et Peter Orins (batterie)

COPRODUCTIONS / RÉSIDENCES ET PERFORMANCES

  • nov 2007 : résidence à la Malterie de Lille.

  • mars 2008 : résidence à Werkplaats des Bains Connectives de Bruxelles.

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